Zéro Déchet : Comprendre l’essentiel et se lancer

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Consommer plus sainement pour protéger notre planète

Avec la prise de conscience grandissante sur l’urgence des questions environnementales et face à l’inaction des gouvernements et des grandes industries, tout un chacun peut cependant apporter sa petite contribution pour sauver la planète. C’est ce que propose le Zéro Déchet avec une nouvelle vision de notre mode de vie.

Qu’est-ce que le Zéro Déchet ?

Mais plus largement, le Zéro Déchet, qu’est-ce que c’est exactement ?

Très simplement, il s’agit d’une démarche à la fois écologique et économique visant à revoir notre mode de consommation afin de produire moins de déchets à la source. Cela implique le recyclage bien sûr mais aussi la lutte contre la production de masse ou encore le choix de produits moins emballés et biodégradables.

Le terme nous vient de l’anglais “Zero Waste” qui désigne à la fois les déchets mais aussi le gaspillage, qui remplit encore trop souvent inutilement nos poubelles. Le mouvement lui voit le jour au début des années 2000 au sein des milieux associatifs avant d’être récupéré par les industries ou la politique. Depuis, l’on assiste à un véritable engouement pour le Zéro Déchet à travers le monde, en particulier dans les pays occidentaux où la surconsommation s’est largement banalisée. Une surconsommation synonyme d’émissions de Co2 ou d’épuisement des réserves naturelles liées à la production de chaque produit telles que l’eau notamment, nécessaire dans tous les processus de fabrication.

Au final, le Zéro Déchet est né de la constatation que le recyclage avait atteint ses limites. Dès 1884, Eugène Poubelle alors préfet de la Seine propose une meilleure gestion des déchets à Paris en mettant en place ce qui ressemble déjà à notre tri sélectif moderne. L’idée était bonne et a encouragé les habitants à participer de manière individuelle mais sans rien modifier à leur comportement de consommateurs.

Et au fil du temps, ce sont les populations qui se sont développées et avec elles la production et la consommation de masse. Désormais, un français jette en moyenne 500 kg de déchets par an soit plus du double qu’il y a 40 ans, en partie parce que les produits alimentaires sont plus emballés qu’avant. Et à un tel niveau, s’il reste indispensable, le recyclage ne peut pas non plus faire des miracles.

L’objectif du Zéro Déchet consiste alors en une multitude de gestes à effectuer en amont de ce recyclage, pour une diminution à long terme de notre impact sur l’environnement. Pour les industriels, il s’agit déjà de revoir les modes de production et d’opter pour des circuits de distribution plus courts. Et pour les consommateurs, il est possible d’acheter moins et mieux, et de basculer vers l’éco-responsable sans contraintes ni privations.

Les problèmes liés à la gestion des déchets

À l’heure de la surconsommation, chaque seconde l’Homme produit plus de 100 tonnes de déchets à travers le monde. Environ 150 millions de tonnes de plastique flottent aujourd’hui dans les océans et 8 millions de tonnes supplémentaires s’y ajoutent année après année. Si rien ne change, on estime désormais que la production de déchets pourrait augmenter de 70% d’ici 2050. À terme, il devrait y avoir plus de plastique que de poissons dans les océans du globe. 

Il faut dire que seuls 40% de nos déchets sont aujourd’hui recyclés. Le reste est soit incinéré, ce qui consomme beaucoup d’énergie et libère d’épaisses fumées toxiques dans l’atmosphère, soit stocké dans les décharges. Autrement dit la nature, et à terme les océans avec des conséquences désastreuses sur la faune et la flore. En 2015, une tortue était retrouvée au large des côtes du Costa Rica avec une paille en plastique coincée dans la narine tandis qu’en 2019, un cachalot s’échouait en Écosse avec plus de 100 kg d’ordures dans l’estomac.

Les équipements électroniques qui représentent environ 20% de nos déchets annuels comptent parmi les moins recyclés de tous. Certains font parfois l’objet d’une dépollution particulière tandis que les autres disparaissent purement et simplement dans la nature, polluant l’air, les sols et l’eau de substances toxiques. Deux tiers de l’eau douce a d’ores et déjà atteint la limite de sa capacité d’assimilation de la pollution.  

À titre d’exemple, il faut plus de 100 ans pour qu’un simple briquet ne se dégrade et jusqu’à 1000 ans pour une carte bleue. D’ailleurs, les déchets ne disparaissent jamais complètement. Leurs micro-particules restent en suspens dans l’atmosphère ou circulent avec le cycle de l’eau. Chaque seconde, 200 kg de déchets pénètrent dans l’océan où ils seront ingérés par les animaux marins que nous consommons. Une pollution de la chaîne alimentaire d’autant plus toxique pour l’homme que cette matière renferme des propriétés endocriniennes susceptibles d’impacter négativement notre équilibre hormonal.  

C’est pour cela que le recyclage n’intervient qu’au dernier stade de la gestion de nos ordures. La démarche Zéro Déchet aime d’ailleurs à rappeler que le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas. Et lorsque l’on sait que 99% des ressources prélevées dans la nature sont transformées en déchets en moins de 42 jours, le tri à la source effectué le plus tôt possible par les entreprises et les individus reste une étape fondamentale pour un recyclage optimal.

Cela permet de réduire à la fois l’impact nocif des matières premières utilisées lors de la production par exemple, ou celui de la gestion des déchets qui s’en suit. C’est ce que l’on appelle parfois le coût écologique, qui correspond notamment à la pollution des sols par les décharges et la libération de résidus toxiques par les incinérateurs comme c’est le cas du mâchefer.

Pour 2020, l’Union Européenne s’est finalement fixé l’objectif de parvenir à recycler ou à réutiliser 50% des déchets ménagers. La prise de conscience globale semble d’ailleurs jouer en faveur de cette nouvelle vocation.    

Les objectifs du Zéro Déchet

Finalement, le Zéro Déchet ne s’intéresse pas qu’au contenu de nos poubelles mais à tous les aspects de la vie. Le déchet n’y est plus ignoré mais au contraire repensé et anticipé à travers toutes sortes de gestes quotidiens ce qui aide à mettre en place une économie circulaire tournée vers les produits locaux et créatrice d’emplois. Les produits à usage unique tels que les pailles ou les assiettes en plastique cèdent la place à de nouvelles alternatives plus naturelles. Et puis réduire ses déchets, c’est aussi lutter contre le gaspillage en consommant moins, ce qui peut entraîner jusqu’à 40% d’économies. En s’y intéressant de plus près, on constate d’ailleurs que le gaspillage est une tendance plutôt récente. Les populations d’après-guerre par exemple étaient habituées à la vente en vrac et à la réutilisation des objets. 

Alors bien sûr, l’idéal du Zéro Déchet n’est pas forcément facile à atteindre pour les consommateurs que nous sommes. Nos déchets visibles ne sont que la partie émergée de l’iceberg et la question de la pollution industrielle reste généralement reléguée au second plan. Mais avant de se frayer un chemin jusqu’à nos foyers, les produits sont fabriqués et transportés un peu partout à travers le monde, avec les conséquences environnementales catastrophiques que nous ne savons pas toujours. 

Plus de 63 kg de Co2 sont rejetés dans l’atmosphère pour la simple production d’un Iphone par exemple, et la moitié du volume de plastique que l’on retrouve aujourd’hui sur la planète n’a été fabriqué qu’au cours des 13 dernières années. Pire encore, 25 entreprises cristallisent à elles seules 25% des émissions planétaires. Leurs actions se font pourtant toujours attendre, mais il est également de notre devoir de revoir notre mode de consommation afin de ne pas encourager la production de masse.

Au final, c’est essentiellement la pollution générée par les particuliers que couvre la démarche Zéro Déchet. Et ici encore, difficile de réduire le tout à zéro. Notre comportement a toujours un impact même faible sur l’environnement. Mais il est toujours possible de se fixer de petits objectifs au quotidien afin de réduire la quantité de déchets visibles sur lesquels nous avons encore le contrôle. On pense avant tout aux emballages superflus et aux produits jetables dont la production est très gourmande en énergie et en ressources naturelles. Des besoins qui dépassent nettement ce que la Terre est capable de produire.     

Mettre en place ce nouveau mode de vie

La démocratisation de la tendance Zéro Déchet en France, c’est en grande partie à une certaine Bea Johnson que nous la devons. Dans son livre intitulé “Zéro Déchet, comment j’ai réalisé 40% d’économies en réduisant mes déchets à moins de 1 litre par an”, cette ancienne avignonnaise émigrée aux États-Unis nous raconte comment elle est passée à un mode de vie alternatif après avoir été touchée par la crise économique suite à son déménagement.

Livre Zéro Déchet – Bea Johnson

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Désormais fermement convaincue de l’utilité du mouvement, elle nous décrit les 5 gestes clés qui constituent selon elle les fondements d’une gestion optimale des produits consommés par chaque foyer.

En premier lieu, il est question de refuser ce dont on a pas besoin. Il peut s’agir des sacs en plastique dans les magasins, des serviettes en papier ou encore du courrier non désiré dont on se débarrassera en apposant un autocollant “Stop-Pub” sur sa boîte aux lettres. Ce simple geste, représente déjà 31 kg de papier en moins chaque année !

Ensuite, Bea Johnson nous suggère de réduire ce dont on a besoin. Acheter en vrac en utilisant ses propres contenants ou dans des marchés locaux, donner ce qui ne sert plus, échanger, jeter un œil aux brocantes. En un mot, abandonner la surconsommation sur laquelle repose notre système et redéfinir clairement ses besoins pour adopter un mode de vie plus minimaliste.

Troisième point clé, remplacer les produits jetables par des équivalents réutilisables. Cela passe par l’achat d’occasion, l’utilisation de matériaux en tissu, en verre, en bois, ou en inox ou encore la réparation d’objets abîmés. Prolonger la durée de vie de nos objets permet de diminuer considérablement notre impact écologique.

Recycler ce que l’on ne peut ni réduire, ni réutiliser ensuite. À ce stade, il ne devrait rester que peu de matériaux. À partir des paillettes de plastique recyclé par exemple, on fabrique de nouvelle bouteilles d’eau mais aussi des vêtements, du mobilier de jardin ou encore du rembourrage pour les couettes et les coussins. Pour l’avenir, certains projets parlent d’ailleurs d’avoir recours au plastique pour construire de nouvelles routes. 

Et enfin dernière idée, composter le reste, qu’il s’agisse d’épluchures de fruits et de légumes, de miettes, de marc de café, et d’autres déchet organique. Le tout représente généralement 30% du contenu d’une poubelle. 

Trouver des solutions alternatives

Aujourd’hui, on estime ainsi qu’une famille classique achète chaque année environ 2,8 tonnes d’aliments. La démarche Zéro Déchet vise alors à réduire cette quantité à 1,8 tonnes minimum, en choisissant des produits de meilleure qualité, à la fois bons pour la santé, pour l’environnement et pour notre budget. Tout le monde y gagne au final.

Car ce que l’on constate plutôt aujourd’hui, c’est qu’une multitude d’achats superflus sont progressivement venus se greffer à nos achats indispensables. Désormais, on achète parce que le packaging est joli, pour faire comme tout le monde ou pour céder à une envie passagère sans réaliser que la nature, elle, en profitera encore bien après nous. En nous recentrant sur l’essentiel, le Zéro Déchet est un moyen de nous reconnecter à nous-même et à notre environnement, le tout dans une démarche pleinement écologique. 

Mais alors, par où commencer ?

Et bien, par de petits gestes tout simplement, qui en amèneront peut-être d’autres de plus en plus poussés. À la salle de sport par exemple, à l’heure où 6300 bouteilles en plastique sont vendues chaque seconde dans le monde, on opte pour une gourde réutilisable en inox. Pour les petites notes du quotidien, on pense à écrire sur les deux faces d’une même feuille de papier et l’on n’oublie pas de trier régulièrement ses mails dont l’archivage consomme une quantité d’énergie plutôt importante. 

Pour se détacher tout en douceur du concept du jetable, on ose les cotons réutilisables et lavables tout comme les coton-tiges ou les brosses à dents en bambou biodégradables.

Dans la salle de bain, on se lance dans la préparation de ses propres produits de beauté. Eaux florales, gommages au marc de café, démaquillants à l’huile de coco, même le dentifrice se prépare à la maison avec un peu d’argile blanche, quelques cuillerées de bicarbonate de soude et des huiles essentielles de menthe ou de citron ! Une alternative plutôt intéressante lorsque l’on sait que chaque année, environ 70 000 tonnes de dentifrice resté dans le tube sont jetés. Les plus hésitants pourront opter pour des gels douches ou des déodorants solides, bien plus naturels.

Pour éviter le neuf, on se rapproche de l’achat d’occasion en boutique ou des plateformes spécialisées tournées vers l’emprunt et la location de vêtements, de meubles ou d’appareils électroménagers, qui aident à mettre les particuliers en relation les uns avec les autres. C’est ce que l’on appelle l’économie collaborative. Et puisque 88% des smartphones fonctionnent encore lorsqu’on les remplace, on tentera de résister à l’obsolescence rapide des produits technologiques dans notre société en étant plus à l’écoute de ses vrais besoins. 

Et puis la tendance du Zéro Déchet, c’est aussi une formidable occasion de faire preuve de créativité en offrant de nouvelles fonctions aux objets du quotidien. Avant de jeter un vieux tee-shirt dont la fabrication a nécessité 8000 litres d’eau, pourquoi ne pas en faire des chiffons, dont vous manquez peut-être ? De leur côté, un pot de yaourt ou une bouteille en plastique peuvent constituer d’excellents contenants pour vos sessions de jardinage tandis qu’un peu de cire d’abeilles appliquée sur un tissu vous aidera à dire définitivement adieu au cellophane. Une alternative idéale pour lutter contre la pollution plastique et sa production de masse. Car dans le plastique, il y a du pétrole et ça, ce n’est pas une ressource naturelle illimitée.

Finalement, en plus de repenser en profondeur notre rapport à la consommation, le Zéro Déchet nous aide à gagner en qualité de vie et à protéger à la fois notre santé et notre environnement. Progresser vers une économie alternative, c’est dépenser moins, nouer des relations directes avec les producteurs et aider notre territoire à générer lui-même ses propres richesses.

Se lancer progressivement vers un mode de vie Zéro Déchet

Et bien sûr, pas question de tout changer du jour au lendemain. La mise en place du Zéro Déchet demande un peu d’organisation et c’est en partie ce qui fait que beaucoup de consommateurs ont encore du mal à se lancer. Il suffit pourtant de procéder étape par étape pour que les gestes du quotidien relèvent rapidement du simple bon sens. L’essentiel ici, c’est d’aller à son rythme sans culpabiliser et de tendre toujours un peu plus vers ses objectifs, en accord avec ses besoins. Les adeptes de la démarche Zéro Déchet vous diront que la transition est finalement extrêmement simple et qu’elle donne l’occasion de redécouvrir certains plaisirs du quotidien parfois négligés par nos sociétés de consommation modernes. 

Redécouvrir de nouvelles saveurs, faire le choix de la qualité, prendre le temps de cuisiner soi-même une alimentation saine pour toute la famille…. Alors bien sûr, selon les périodes, vous produirez parfois plus de déchets, parfois moins, l’essentiel étant de prendre conscience de ses efforts et de ce qu’il est encore possible d’améliorer. 

La France a d’ailleurs largement pris le pas sur la tendance puisqu’elle est aujourd’hui le pays le plus développé en matière de vrac par exemple. À Bordeaux, en 2014, Jules Rivet et Guillaume de Sanderval se lancent dans l’aventure en ouvrant la toute première épicerie de ce type. Le succès est immédiat et ce sont aujourd’hui plus de 50 épiceries et 150 porteurs de projet qui attendent de se mettre en place à travers le territoire. L’offre globale s’adapte d’ailleurs peu à peu à la nouvelle demande avec la multiplication des boutiques spécialisées et des fabricants se tournant vers des produits lavables et réutilisables. 

Des composteurs d’appartement ont même fait leur apparition afin d’aider à limiter l’accumulation des déchets organiques. Peu encombrants, ils ne dégagent aucune mauvaise odeur et se placent simplement sur un balcon. L’occasion de prendre part à la tendance sans contraintes et sans bouleverser son quotidien.

Patientez… Nous cherchons le prix de ce produit sur d’autres sites

Car le mode de vie Zéro Déchet ne se veut ni moralisateur, ni complexe. Il s’envisage au contraire comme une démarche positive et n’implique ni dépenses supplémentaires, ni perte de temps. La majorité de nos produits du quotidien possèdent aujourd’hui leurs équivalents écologiques alors, pourquoi hésiter encore ?

Finalement, nous sommes tous Zéro Déchet à partir du moment où nous nous interrogeons sur nos sociétés de consommation modernes, ou sur l’impact que peuvent avoir nos actes sur nous-mêmes, sur les autres et sur la planète. Les solutions se mettent progressivement en place et donnent à chacun l’occasion de devenir acteur du changement. Notre pouvoir d’achat reste d’ailleurs l’une de nos meilleures armes. À nous de l’utiliser à bon escient. 

L’avenir du Zéro Déchet

Quant à savoir si la tendance n’est pas simplement un mouvement éphémère, on peut imaginer que le nom ou les représentations du Zéro Déchet seront amenés à évoluer avec le temps de même que les solutions envisagées aujourd’hui. Par contre, les valeurs et les préoccupations qui en sont à l’origine seront fondamentalement amenées à progresser dans les années ou dans les décennies à venir, avec l’implication sans aucun doute des nouvelles générations.

La démarche peut d’ailleurs tout à fait se mutualiser avec d’autres approches telles que le végétarisme, le minimalisme ou encore la permaculture qui s’attache à proposer une culture durable et auto-suffisante, directement inspirée du fonctionnement naturel des écosystèmes. De la même façon, le localisme que nous avons déjà abordé invite à privilégier l’économie de proximité et à préserver l’environnement grâce à une empreinte écologique nettement diminuée.

Au final, le Zéro Déchet n’implique que quelques ajustements quotidiens à l’échelle individuelle. Mais à celle de la planète, des gestes simples effectués par plusieurs milliards d’individus permettraient un changement considérable et la mise en place de ce mode de vie éthique, sain et cohérent auquel de plus en plus de personnes aspirent.

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