Déforestation : définition, causes et conséquences

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Comprendre facilement la déforestation

La nature n’est pas seulement belle, elle est aussi une source inestimable de bienfaits dont nous n’avons pas toujours conscience.

L’action positive des forêts par exemple va bien au-delà de la simple lutte contre le réchauffement climatique. Elles nous fournissent aussi de la nourriture et des médicaments, participent à la fertilisation de nos sols ou aident au bon remplissage des nappes d’eau souterraines. 80 % de toute la biodiversité terrestre y a trouvé refuge et nous-mêmes utilisons au quotidien une infinité de produits liés d’une manière ou d’une autre aux écosystèmes forestiers : papier, emballages, combustibles, huiles, viande… Pourtant, notre mode de consommation fait peser des pressions considérables sur le monde végétal. Et si le spectacle ne se déroule pas forcément sous nos yeux, il n’en reste pas moins vrai que la déforestation continue de réduire année après année la surface des forêts du monde.

Évolution de la déforestation

Ce que l’on remarque également, c’est que la déforestation touchait autrefois surtout les forêts tempérées d’Europe et d’Amérique du Nord mais que ce sont aujourd’hui les forêts tropicales qui en souffrent le plus. Le déboisement intensif progresse en Afrique équatoriale et en Asie du Sud-Est, sans parler de l’Amazonie qui représente à elle seule 53 % de la déforestation mondiale et qui a déjà perdu 17 % de sa surface au cours des 35 dernières années.  

Dans les années 90, les forêts recouvraient environ 31,8 % des terres mondiales émergées. Elles ne représentent aujourd’hui plus que 4 milliards d’hectares soit 30,8 % et la plupart de celles qui restent sont extrêmement fragilisées. 

Et pourtant, aucune décroissance ni aucune vraie amélioration n’est pour le moment observable. Bien au contraire, l’année 2016 a plutôt battu des records avec la disparition de 30 millions d’hectares de forêts soit le double des années précédentes. 

Les causes de la déforestation

Il faut dire que les forêts abritent des ressources d’une valeur inestimable. Chaque année, l’exploitation forestière pour le bois de chauffage, l’agriculture ou la production globale de papier rapporte près de 600 milliards de dollars au PIB mondial. 

Malheureusement, la valeur écologique des forêts est complètement négligée au profit des ressources énergétiques qu’il est possible d’en tirer. Première cause de déboisement dans le monde, l’agriculture, responsable à 80 % de la déforestation mondiale. Et les coupables ne sont pas toujours ceux que l’on croit. Beaucoup de petits agriculteurs pauvres participent à la déforestation en défrichant et en brûlant la terre pour en tirer quelques parcelles.

 À plus grande échelle, au Brésil par exemple, la destruction de la savane du Cerrado a dépassé celle de la forêt Amazonienne pour la culture intensive du soja, destiné à alimenter principalement le bétail. Sa surface originelle a d’ores et déjà été réduite de moitié, et plus de 480 espèces de plantes et d’animaux sont menacées d’extinction d’ici à 2050. 

Ailleurs comme en Indonésie, populations indigènes et animaux sont chassés de leurs territoires pour laisser place aux plantations de palmiers à huile qui s’étendent désormais sur 27 millions d’hectares à travers le monde. Soit un territoire grand comme la Nouvelle-Zélande. Peu coûteuse et adaptée à de nombreuses utilisations, l’huile de palme se cache en effet dans différents aliments industriels mais aussi là où on ne l’attend pas comme les cosmétiques et même les biocarburants. Résultat, elle est l’huile la plus produite de la planète avec 66 millions de tonnes chaque année. 

À cela s’ajoutent l’extraction du pétrole et du gaz qui endommage régulièrement les milieux forestiers mais aussi la construction de routes et autres infrastructures, ainsi que l’urbanisation. Contrairement aux idées reçues, celle-ci ne se fait finalement que rarement au détriment des forêts et ne représente que 5 % de la déforestation mondiale. 

En revanche, les mauvaises gouvernances forestières et le commerce illégal du bois pèsent lourd dans la balance, ce dernier représentant notamment 10 à 30 % du commerce global du bois, soit entre 23 et 70 milliards de dollars chaque année. Un commerce auquel la France n’est pas étrangère puisque 39 % de ses bois tropicaux importés seraient d’origine illégale.  

Au total, ce sont environ 6,4 millions d’hectares de forêts qui disparaissent chaque année, et avec eux des milliers d’espèces animales et végétales, bien souvent encore inconnues. 

L’importance des forêts

Les forêts sont en effet des foyers bouillonnants de vie. Mammifères, oiseaux, insectes, végétaux, de nombreuses espèces parfois rares y ont trouvé refuge tandis que nous y puisons de la nourriture, des combustibles et des médicaments. Plus de 1,6 milliards de personnes dépendent aujourd’hui directement ou indirectement des forêts pour vivre, soit plus de 21 % de la population globale.  

Sans oublier qu’elles jouent un rôle central dans la fixation du CO2 que nous rejetons quotidiennement. 40 % du carbone terrestre est stocké dans la végétation et les sols des forêts. Et malgré tout, la déforestation se poursuit et ses conséquences nous toucheront directement d’une manière ou d’une autre. À vrai dire, elles nous touchent déjà. 

Conséquences de la déforestation

Les forêts hébergent en effet plus de 80 % de la biodiversité terrestre dont dépendent fortement nos systèmes alimentaires. Dans toutes les forêts tropicales du monde, la surface des habitats naturels se réduit y compris celle des tribus indigènes expulsées, et forcées de lutter au quotidien pour leur indépendance. Le tigre de Java s’est éteint dans les années 80 et les populations d’orangs-outans enregistrent des disparitions de masse face à la progression des plantations de palmiers à huile. Parfois brûlés, ou forcés de quitter leur territoire, singes, éléphants et rhinocéros s’exposent davantage à un autre fléau, celui du braconnage.

On estime aujourd’hui qu’environ 27 000 espèces animales et végétales disparaissent chaque année du fait de la déforestation. Et dans le même temps, nous nous privons nous-mêmes d’une quantité considérable de ressources, sachant par exemple que plus d’un quart des médicaments modernes sont tirés des plantes forestières tropicales. Une situation d’autant plus préoccupante que le déboisement favorise la transmission d’agents pathogènes entre l’Homme et la faune sauvage. Autrement dit, le recul des forêts ouvre la porte à de nombreuses maladies. Rien que pour le paludisme, plutôt répandu dans certaines régions, le risque de contracter la maladie est 300 fois plus élevé dans les zones fortement déboisées que dans les zones encore intactes.   

Et lorsque ce ne sont pas les maladies qui progressent, ce sont les catastrophes naturelles qui se multiplient. Sans le couvert forestier, les sols deviennent instables et ne sont plus protégés ni des pluies violentes, ni des phénomènes naturels extrêmes. Résultat, les glissements de terrain s’enchaînent ce qui favorise les inondations dans les vallées. Récemment, c’est à Haïti où plus de 90 % des arbres ont été abattus que nous avons pu assister au phénomène. 

À l’échelle de la ressource en eau et des milieux marins, le constat n’est pas vraiment plus réjouissant. Les forêts participent à filtrer l’eau et à reconstituer des nappes phréatiques pures dans lesquelles les populations puiseront leur eau potable. Environ deux tiers des grandes villes des pays en développement dépendent aujourd’hui des forêts pour leur approvisionnement en eau. Mais la déforestation entraîne l’érosion des sols ce qui réduit l’accès à l’eau potable à la fois en qualité et en quantité. Et puis le déboisement favorise aussi le transport des sédiments jusque dans les mers et les océans ce qui affecte directement la photosynthèse des algues et jouera un rôle sur la disparition des coraux. Les liens de cause à effet ne sont pas toujours évidents au premier abord et pourtant, tout est lié. 

S’il en est un qu’il est impossible d’ignorer en revanche, c’est bien le changement climatique et l’implication de la déforestation dans l’émission de gaz à effet de serre. Ce sont ainsi plus de mille milliards de tonnes de carbone qui seraient contenues dans les forêts et sans une bonne couverture forestière, les températures à la surface du globe deviendraient rapidement invivables pour bon nombre d’espèces. Nous y compris.

En 25 ans, la quantité de CO2 absorbée par les forêts mondiales a chuté de plus de 17 gigatonnes et l’on estime que la déforestation serait responsable d’environ 20 % de l’effet de serre dû aux activités humaines. Ce qui fait d’elle le troisième poste émetteur, juste derrière l’approvisionnement énergétique et l’industrie. En cause, la disparition des arbres bien sûr mais aussi le défrichage par brûlis qui consiste simplement à mettre le feu à la terre pour la fertiliser, faciliter les prochaines récoltes, et la débarrasser de la végétation sauvage. Le problème, c’est que les procédés de ce type conduisent parfois à des incendies spectaculaires  qui ravagent aussi des zones encore non destinées à la déforestation. Plus inquiétant encore, le réchauffement climatique global a aujourd’hui atteint un seuil critique et les experts estiment qu’à partir de 2 degrés supplémentaires, les écosystèmes terrestres eux-mêmes commenceraient à relâcher plus de gaz à effet de serre qu’ils n’en stockeraient. La forêt Amazonienne montre d’ores et déjà des signes de fatigue. 

Actions politiques pour lutter contre la déforestation

Alors bien sûr, quelques notes positives nous laissent entrevoir de réels progrès à l’avenir. Début 2016, la Norvège est devenu le tout premier pays à interdire la déforestation et le recul global des forêts s’élève aujourd’hui à environ 0,08 % par an au lieu de 0,18 % à la fin des années 90. Malheureusement, derrière ces petites avancées se cache en réalité une forêt d’inégalités. 

Ces dernières années, la France et l’Angleterre ont chacune gagné 10 % de couvert forestier mais dans le même temps, le Honduras en a perdu 40 % et le Togo jusqu’à 60 %. Pire encore, le ralentissement superficiel de la déforestation est dû en grande partie au reboisement effectué par l’Homme. 7 % des forêts arboricoles actuelles ont ainsi été replantées avec des arbres à la croissance rapide tels que le pin ou l’eucalyptus qui ne permettent en aucun cas le développement d’une biodiversité riche. De façon générale, les monocultures ne contribuent qu’à appauvrir les sols et constituent une solution d’urgence là où il faut jusqu’à 700 ans à une forêt primaire pour se développer. 

En parallèle, les émissions mondiales provenant de la déforestation ont diminué ces dernières années mais dans le même temps, les dégradations des forêts dues aux exploitations forestières ou aux incendies ont considérablement augmenté. Et puisque le déclin s’accélère et qu’aucune solution ne s’est pour le moment révélée vraiment durable, de nouveaux projets voient maintenant le jour.

Parmi eux, le programme international de Réduction des Émissions liées à la Déforestation et à la Dégradation des forêts, abrégé en REDD est lancé en 2008. L’idée ici, c’est de lutter contre le réchauffement climatique en valorisant la protection des forêts par rapport à leur dégradation. Plus simplement, il s’agit pour les pays développés d’apporter une compensation financière aux pays en développement participants, compensation proportionnelle aux taux d’émission de carbone de chacun. Cela afin d’inciter les pays à poursuivre leurs efforts dans la diminution de la déforestation et la transition vers des alternatives plus vertes. 

En parallèle, plus de 350 projets REDD+ ont fait leur apparition à travers le monde afin d’aider à préserver les stocks forestiers existants. Des projets auxquels prennent enfin part les communautés locales, chose qui était reprochée aux premières versions du REDD qui semblait donner beaucoup de pouvoir aux entreprises sans faire valoir le droit à la terre des populations indigènes.

Malgré tout, le programme montre depuis le début certaines limites, notamment parce qu’il ne fait que déplacer le problème. Les sommes versées par les entreprises polluantes par le biais de crédits carbone ne servent ici qu’à compenser la déforestation et la part de gaz à effet de serre libéré ailleurs sur la planète, et non pas à les stopper. En dépit de l’argent dépensé et des nombreuses promesses faites, force est de constater 12 ans plus tard que le programme REDD ne s’est pas intéressé aux causes profondes de la déforestation. L’élevage intensif dû à la consommation de masse, la monoculture, les projets d’infrastructure ou encore la violation des droits fonciers des peuples des forêts.

Pour qu’un projet soit viable à l’avenir, il faudra impérativement prendre en compte les peuples autochtones et les facteurs de déforestation propres à chaque pays, pour développer une stratégie nationale adaptée. Car le déboisement dans le monde est loin d’être homogène. 

Certaines régions sont déjà parvenues à protéger leurs forêts de la déforestation tandis que celle-ci se poursuit ailleurs année après année comme c’est le cas au Brésil, dans le bassin amazonien, en Indonésie et sur l’île de Bornéo. Fait moins connu, l’Afrique subit elle aussi une déforestation importante, plus encore qu’en Asie, à raison de 2 millions d’hectares chaque année environ. 

À l’échelle européenne, les choses progressent enfin. Au mois d’avril 2019, les députés ont voté à une large majorité pour une réglementation plus stricte visant à se débarrasser une bonne fois pour toutes du bois illégal sur le marché de l’Union Européenne. La France hélas s’est opposée au projet, mais de nouvelles solutions sont envisagées sur notre territoire. La Stratégie Nationale de lutte contre la Déforestation Importée adoptée en 2018 s’est ainsi fixé pour objectif de mettre un terme d’ici à 2030 à la déforestation causée par l’importation de produits forestiers ou agricoles non durables. Et il ne s’agit pas uniquement de l’huile de palme. L’élevage bovin, la culture du soja, du cacao ou de l’hévéa, à partir duquel nous obtenons le caoutchouc, constituent tous d’importantes sources d’inquiétude. 

Il sera notamment question de promouvoir des alternatives au soja dans l’élevage, de soutenir différents projets dans les pays exportateurs afin de favoriser la gestion durable des ressources ou encore de sensibiliser au mieux les entreprises et les consommateurs de manière à faire évoluer les modes de consommation. 

Une stratégie plutôt paradoxale étant donné que le gouvernement a autorisé en 2019 l’inauguration d’une raffinerie du groupe Total dans les Bouches-du-Rhône, raffinerie qui devrait importer dès cette année jusqu’à 300 000 tonnes d’huiles de palme pour la fabrication de son biodiesel. Comme quoi, de nombreux efforts restent à faire et les nôtres, à l’échelle individuelle, sont plus que bienvenus.

Comment lutter contre la déforestation à son échelle ?

Et ça commence bien souvent au niveau alimentaire, en évitant les pâtes à tartiner, les biscuits, les céréales, les pizzas surgelées ou les plats préparés riches en huile de palme par exemple. L’occasion de prendre plutôt le temps de cuisiner et de préférer des huiles végétales européennes telles que l’huile d’olive ou de tournesol, parfaites pour tous les types de recettes.  

Du côté des protéines animales que sont le lait, la viande ou les œufs, on pourra également essayer d’en diminuer la consommation et d’inclure davantage d’alternatives végétales. Pour rappel, l’élevage intensif impose la destruction de pans entiers de forêts pour installer les troupeaux, et encore plus pour cultiver le soja qui leur servira de nourriture. En cas d’achat, on cherchera plutôt les labels garants de la qualité des produits comme le Label Rouge ou la certification biologique. 

De manière générale, on privilégiera de toute façon au maximum les circuits courts et les produits locaux, ce qui pourra imposer de limiter sa consommation de certains produits comme l’avocat. Au-delà de sa culture très gourmande en eau et des émissions de carbone liées à son transport, l’avocat est devenu si populaire parmi les pays industrialisés que des milliers d’hectares de forêts sont rasés chaque année pour augmenter son rendement. 

Pour aller encore un peu plus loin, on troquera ses pneus classiques pour des pneus plus résistants, fabriqués en France, et l’on essayera de prendre sa voiture un peu moins régulièrement pour économiser sa consommation d’essence. C’est bon à la fois pour la planète mais aussi pour sa santé ! 

Quant au papier, finie la consommation excessive. Apposer un autocollant Stop-Pub sur notre boîte aux lettres nous permettra déjà de refuser la quarantaine de kilos de courriers non adressés chaque année. Pour le reste, on préférera le papier recyclé ou bien l’on s’assurera de le recycler après utilisation. Pour information, le papier est recyclable 5 fois mais seulement 50% des papiers sont recyclés en France. Quand on sait qu’une tonne de papier recyclé permet d’économiser 17 arbres, 32 000 litres d’eau et 2,5 barils de pétrole, cela porte à réflexion. 

Dernière astuce, l’initiative «1% pour la planète» propose aux entreprises de reverser 1 % de leur chiffre d’affaires annuel à des associations de préservation de l’environnement. N’hésitez pas à vous renseigner pour connaître les entreprises participantes pour effectuer vos achats responsables directement auprès d’elles. Dans le même ordre d’idées, des moteurs de recherche écologiques tels que Ecosia se proposent de reverser 80% de leurs bénéfices à des programmes de reforestation. 

À retenir

Nous n’en avons pas toujours conscience, mais il y a beaucoup à faire pour que la forêt tropicale ne se retrouve pas dans nos assiettes et dans nos objets du quotidien. 

Gardons en tête que la déforestation peut avoir des causes naturelles telles que les incendies de forêt, les maladies ou les parasites, mais que rien n’égalise le poids des activités humaines sur l’environnement. C’est pourquoi la lutte contre la déforestation est l’un des enjeux planétaires de notre siècle, même si le respect de l’Accord de Paris, qui s’était fixé pour objectif d’atteindre le zéro-déforestation d’ici à 2030, semble déjà difficile à atteindre.

Malgré tout, le phénomène peut encore être inversé. Dans les zones tempérées, les forêts sont en expansion continue depuis plusieurs dizaines d’années et leur surface en France a doublé en un siècle et demi. Et les initiatives prises un peu partout à travers le monde ont toutes pour objectif de permettre aux forêts tropicales de suivre le même chemin.

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